Titre : Otages intimes
Auteur : Jeanne Bénameur
Editions : Actes Sud
Roman, 2015
192 pages
18,80 euros
Résumé :
Photographe de guerre, Etienne a toujours su aller au plus près du danger pour porter témoignage. En reportage dans une ville à feu et à sang, il est pris en otage. Quand enfin il est libéré, l'ampleur de ce qu'il lui reste à réapprivoiser le jette dans un nouveau vertige, une autre forme de péril.
De retour au village de l'enfance, auprès de sa mère, il tente de reconstituer le cocon originel, un centre depuis lequel il pourrait reprendre langue avec le monde.
Au contact d'une nature sauvage, familière mais sans complaisance, il peut enfin se laisser retraverser par les images du chaos. Dans ce progressif apaisement se reforme le trio de toujours. Il y a Enzo, le fils de l'italien, l'amie taiseux qui travaille le bois et joue du violoncelle. Et Jofranka, "la petite qui vient de loin", devenue avocate à La Haye, qui aide les femmes victimes de guerre à trouver le courage de mettre en mots ce qu'elles ont vécu.
Ces trois-là se retrouvent autour des gestes suspendus du passé, dans l'urgence de la question cruciale : quelle est la part d'otage en chacun de nous ?
De la fureur au silence, Jeanne Benameur habite la solitude de l'otage après la libération. Otages intimes trace les chemins de la liberté vraie, celle qu'on ne trouve qu'en atteignant l'intime de soi.
Ce que j'en ai pensé :
C'est grâce aux matchs de Priceminister que j'ai eu la chance de découvrir ce roman de Jeanne Benameur, auteur que j'avais beaucoup apprécié avec ces anciens ouvrages.
J'ai retrouvé sa plume si caractéristique qui m'avait tant plue dans "Insurrections irrégulières" ou "Profanes". Une écriture intimiste, envoûtante, avec des phrases courtes allant à l'essentiel.
On y découvre dans ce nouveau roman Etienne, journaliste, qui vient d'être libéré après avoir été pris en otage pendant un long moment. On le suit à sa libération, au moment d'abord où il n'arrive pas à réaliser, à peur d'y croire, puis ensuite à la descente de l'avion, au moment des retrouvailles avec sa mère.
Sa mère qui va le ramener chez "eux", et où il va pouvoir se poser, réaliser, intégrer ce qui lui est arrivé, puis essayer de se reconstruire dans cet environnement rassurant et familier.
Ses deux amis d'enfance, Enzo et Jofranka, chacun avec son caractère et ses spécificités, vont l'aider à verbaliser, à renouer le lien, et à se trouver, se retrouver.
Ce trio est émouvant, et grâce au style très profond de l'auteur, va pouvoir se poser les bonnes questions, et rentrer en soi pour revivre.
J'ai beaucoup aimé ce livre à la fois délicat et profond. Jeanne Benameur nous éblouit encore une fois avec son talent si particulier. A déguster sans modération !